☂️ Je Marche Dans La Nuit Par Un Chemin Mauvais Analyse

Jemarche dans la nuit par un chemin mauvais - Livre - Récompensée par le Prix ado du Théâtre contemporain 2015 et le Prix Villers-Cotterêts de la Francophonie 2019, cette pièce est destinée aux classes de : 3e (elle répond à deux entrées des programmes : Se raconter, se représenter et agir dans la cité : individu et pouvoir) Lycée (Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle) - France bonjoura tous, je souhaite tester la charge processeur de mes serveurs via wsh. je compte proceder ainsi: le script va tester pendant 5 mn si la charge pr 1Postés en silence sur un promontoire au milieu du plateau, nous braquons sur la nuit une caméra thermique, qui capture le différentiel de chaleur entre les corps dans le paysage, et le restitue en contrastes dans le viseur. Alors, des silhouettes lupines faites de lumière crue apparaissent dans les clairières noires, jouent, répètent les rituels qui sont leur existence, Jemarche dans la nuit par un chemin mauvais Notes et dossier rédigés par Laure Sermage Les Ateliers d’ACTES SUD © ACTES SUD, 2014, pour la pièce d’Ahmed Madani © ACTES SUD, Translate Je marche dans la nuit par un chemin mauvais Ahmed Madani Version création 28/01/14/ à la Comédie de Picardie Pièce écrite avec le soutien du Centre National du Livre 1 f A Pierre Orma qui m’a confié sa guerre qui est aussi la Lesmécanismes, implacables qui mènent à un drame inimaginable. Ce livre est passionnant, intrigant, une très belle réussite qui m'a donné envie d'aller faire mes propres recherches sur ces faits. Dieu est un voleur qui marche dans la nuit de Quentin Bruet-Ferréol. Jemarche dans la nuit par un chemin mauvais. de Ahmed Madani. Présentation; En scène (1) Partager cette page : Facebook; Twitter; Mail; Toutes les mises en scène de ce texte en langue originale Les mises en scène. Je marche dans la nuit par un chemin mauvais . Image de Je marche dans la nuit par un chemin mauvais . Ahmed Madani. mise en scène . Créé en 2014 . Laction se déroule lors de la Nuit des barricades, le 10 mai 1968, à Paris. Scénario d'un film imaginaire basé sur des faits réels et des personnages ayant réellement existé. 74• Je marche dans la nuit par un chemin mauvais Dans l’atelier d’Ahmed Madani • 75 Dans l’atelier d’Ahmed Madani Pour un théâtre poétique et populaire Écriture et mise en scène Ahmed Madani est né le 8mars 1952, à Remchi, dans le Nord-Ouest de l’Algérie bientôt ensanglantée par la guerre. Arrivé en France à sept ans, il découvre l’art dramatique au club théâtre mLJPLnY. De Ahmed Madani Avec Vincent DEDIENNE et Yves GRAFFEY La pièce met en scène la rencontre entre un adolescent et son grand père. Nous assistons à un huis clos entre deux personnes qui au début s’affrontent plutôt violemment et puis finissent non seulement par s’apprivoiser mais à s’éclairer l’un et l’autre. D’où sans doute le titre tiré d’un vers de Lamartine Je marche dans la nuit par un chemin mauvais ». Mais qu’est-ce que je fous là ? » hurle l’adolescent habitué à se vautrer devant la télé et sommé par le vioque à débroussailler le jardin. Il est si ténu ce fil qui se balance invisible entre une personne en fin de vie et un jeune au commencement que c’est dans le tissu des voix qu’il se manifeste. Car les voix au fur et mesure comme si nous assistions à un coucher ou lever du soleil se recouvrent pour ne plus former qu’une même tache d’huile. Des voix qui doivent trouver le chemin parce qu’elles sont restées confinées dans les broussailles, parce qu’elles n’ont pas cru pouvoir être entendues. Photo Antonia BOZZI Comment se fabrique un homme ? » telle est un peu la question d’Ahmed MADANI. Le vieux peut-il se cantonner au Moi, je » face à l’adolescent qui ravive sans le savoir ses souvenirs de jeunesse. A travers le personnage du vieux qui va confier à son petit-fils, le drame de sa vie, un acte de torture qu’il a commis vis-à-vis d’un jeune homme pendant la guerre d’Algérie, Ahmed MADANI fait écho aux confidences d’un ami qui l’ont bouleversé. Est-il vraiment possible de transmettre son histoire à autrui ? Pourtant c’est une question d’existence, le vieux et le jeune sont présents face à face. Pourquoi se comporteraient-ils comme des meubles qui n’ont rien à se dire, après tout ne touchent-ils pas la même pierre touchée par le soleil. Photo Antonia BOZZI Parce que le vieux s’est dévoilé, le jeune pourra dessiller son regard, au-delà des apparences, comprendre la place qu’il a sur terre après le parcours de ses parents. Une place qui prend tout son sens quand le vieux lui passe le témoin. Dans cette pièce sur la transmission, remarquablement interprétée par les deux comédiens, Yves GRAFFEY et Vincent DEDIENNE, c’est le cœur qui parle simplement. En accord avec une mise en scène dépouillée, tout juste suggestive, sans fioritures, sans effets littéraires, l’écriture d’Ahmed MADANI, parlée, se frictionne dans l’air, se donne en chemin, pour mettre en valeur davantage que les mots, les soupirs d’âme de ceux qui les prononcent. Dans Je marche dans la nuit par un mauvais chemin », le vieux qui vient taper sur l’épaule du jeune homme, annonce le jour. Paris, le 16 Mars 2014 Evelyne Trân Publié par Evelyne Trân Animatrice radio sur Radio Libertaire depuis 2008 . - Chroniqueuse pour le blog "Théâtre au vent" du site Le en 2011, puis sur le site et sur le Monde libertaire en ligne ou version papier 2019. Voir tous les articles par Evelyne Trân Publié 16 mars 2014 Navigation des articles » Je marche dans la nuit par un chemin mauvais… » Avec pour titre ce vers de Lamartine, Ahmed Madani signe le texte et la mise en scène d’une bien jolie pièce qui évoque en filigrane cette guerre d’Algérie qui n’en finit pas de hanter les mémoires. À la suite d’une violente dispute avec son père, Gus est envoyé, pour trois mois, chez son grand-père qui vit au fin fond de la campagne de la région d’Argentan. Il a 17 ans, il se trouve en révolte contre l’humanité entière et pour lui, il est inconcevable de vivre sans portable, sans Miel Pops et sans coca-cola. Et quand son grand-père lui demande de faucher à la main le pré derrière la maison, il a tout lieu de croire qu’il est tombé en enfer ! Pourtant, d’un jour à l’autre, de coups de gueule en réconciliations, de fous rires en moments graves, l’adolescent et le vieil homme finissent par s’apprivoiser l’un, l’autre. Gus est issu d’un mariage mixte, son père est algérien et sa mère française et lorsque Pierre, son grand-père lui racontera sa guerre d’Algérie, il saura aussi que cette histoire lui appartient autant qu’il en est issu… Battre la campagne… La grande qualité d’Ahmed Madani tient essentiellement à la simplicité de son écriture et de sa mise en scène et à l’humour des situations, malgré la gravité du propos. Sur le plateau, la structure d’une maison réduite à sa seule charpente signalons un cadre central pas très heureux pour la bonne vision des spectateurs !. Un escalier mène à un jardin limité à une bande étroite de gazon. Le jardin abandonné et que Gus se voit obligé de nettoyer devient le lieu de tous les combats et de toutes les initiations. Après beaucoup de résistance, jour après jour, Gus s’inscrit dans la régularité de la saison, des jours et des nuits. Ce rythme commun finit par favoriser la confidence et la rencontre entre le grand-père et son petit-fils. L’adolescent remet de l’ordre dans sa vie et apaise ses colères, le vieil homme s’ouvre à nouveau au mouvement trépidant de la vie et à sa propre jeunesse. Sans fioritures, la pièce se réduit à ce décor basique, à une fable qui se reconstruit entre fragments de vie, instants monotones d’un quotidien à la campagne et souvenirs que chacun commente. Nous sommes dans un théâtre qui pourrait tomber dans le réalisme, mais la mise en scène qui joue sur les sous-entendus contenus dans le texte conduit le spectateur vers un ailleurs dans lequel se révèle une réalité qui mène au-delà de l’espace et du temps immédiats. Cette simplicité ne serait rien non plus sans les deux comédiens qui interprètent les personnages. Yves Graffey Pierre, tout en puissance et pestant en permanence, rayonne d’une humanité tendre et le regard qu’il pose sur son petit-fils Gus en dit long sur l’émotion qui le fait vibrer sans qu’il n’en montre rien. Vincent Dedienne, au jeu très physique, laisse transparaître toute une palette d’émotions qu’il met au service du personnage de Gus. Révolté, perdu dans sa vie, sans points de repères au début, il le conduit peu à peu vers la tendresse et l’écoute. Il peut enfin entendre vraiment ce que le vieil homme veut lui transmettre en lui livrant son secret. Circulant dans le dédale des mémoires, entre rêve et réalité, de souvenirs en impressions le récit raconte une vie d’homme dépassée par le mouvement d’une Histoire, qui, plus de cinquante ans après, comme Gus et Pierre au début de leur rencontre, peine à trouver ses marques et à se raconter. [note_box]Je marche dans la nuit par un chemin mauvais Texte et Mise en Scène Ahmed Madani Scénographie Raymond Sarti Lumières Damien Klein Création sonore Christophe Séchet Avec Vincent Dedienne, Yves Graffey Crédit photo François Louis Athenas Durée 1 h 30[/note_box] À LORD BYRON. Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom, Esprit mystérieux, mortel, ange, ou démon, Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie, J’aime de tes concerts la sauvage harmonie, Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents ! La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine L’aigle, roi des déserts, dédaigne ainsi la plaine; Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés; Des rivages couverts des débris du naufrage, Ou des champs tout noircis des restes du carnage. Et, tandis que l’oiseau qui chante ses douleurs Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs, Lui, des sommets d’Athos franchit l’horrible cime, Suspend aux flancs des monts son aire sur l’abîme, Et là, seul, entouré de membres palpitants, De rochers d’un sang noir sans cesse dégouttants, Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie, Bercé par la tempête, il s’endort dans sa joie. Et toi, Byron, semblable à ce brigand des airs, Les cris du désespoir sont tes plus doux concerts. Le mal est ton spectacle, et l’homme est ta victime. Ton oeil, comme Satan, a mesuré l’abîme, Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu, A dit à l’espérance un éternel adieu ! Comme lui, maintenant, régnant dans les ténèbres, Ton génie invincible éclate en chants funèbres; Il triomphe, et ta voix, sur un mode infernal, Chante l’hymne de gloire au sombre dieu du mal. Mais que sert de lutter contre sa destinée ? Que peut contre le sort la raison mutinée ? Elle n’a comme l’œil qu’un étroit horizon. Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison Hors de là tout nous fuit, tout s’éteint, tout s’efface; Dans ce cercle borné Dieu t’a marqué ta place. Comment ? pourquoi ? qui sait ? De ses puissantes mains Il a laissé tomber le monde et les humains, Comme il a dans nos champs répandu la poussière, Ou semé dans les airs la nuit et la lumière; Il le sait, il suffit l’univers est à lui, Et nous n’avons à nous que le jour d’aujourd’hui ! Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître Ignorer et servir, c’est la loi de notre être. Byron, ce mot est dur longtemps j’en ai douté; Mais pourquoi reculer devant la vérité ? Ton titre devant Dieu c’est d’être son ouvrage ! De sentir, d’adorer ton divin esclavage; Dans l’ordre universel, faible atome emporté, D’unir à tes desseins ta libre volonté, D’avoir été conçu par son intelligence, De le glorifier par ta seule existence ! Voilà, voilà ton sort. Ah ! loin de l’accuser, Baise plutôt le joug que tu voudrais briser; Descends du rang des dieux qu’usurpait ton audace; Tout est bien, tout est bon, tout est grand à sa place; Aux regards de celui qui fit l’immensité, L’insecte vaut un monde ils ont autant coûté ! Mais cette loi, dis-tu, révolte ta justice; Elle n’est à tes yeux qu’un bizarre caprice, Un piège où la raison trébuche à chaque pas. Confessons-la, Byron, et ne la jugeons pas ! Comme toi, ma raison en ténèbres abonde, Et ce n’est pas à moi de t’expliquer le monde. Que celui qui l’a fait t’explique l’univers ! Plus je sonde l’abîme, hélas ! plus je m’y perds. Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne. Le jour succède au jour, et la peine à la peine. Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux; Soit que déshérité de son antique gloire, De ses destins perdus il garde la mémoire; Soit que de ses désirs l’immense profondeur Lui présage de loin sa future grandeur Imparfait ou déchu, l’homme est le grand mystère. Dans la prison des sens enchaîné sur la terre, Esclave, il sent un cœur né pour la liberté; Malheureux, il aspire à la félicité; Il veut sonder le monde, et son œil est débile ; Il veut aimer toujours ce qu’il aime est fragile ! Tout mortel est semblable à l’exilé d’Eden Lorsque Dieu l’eut banni du céleste jardin, Mesurant d’un regard les fatales limites, Il s’assit en pleurant aux portes interdites. Il entendit de loin dans le divin séjour L’harmonieux soupir de l’éternel amour, Les accents du bonheur, les saints concerts des anges Qui, dans le sein de Dieu, célébraient ses louanges; Et, s’arrachant du ciel dans un pénible effort, Son oeil avec effroi retomba sur son sort. Malheur à qui du fond de l’exil de la vie Entendit ces concerts d’un monde qu’il envie ! Du nectar idéal sitôt qu’elle a goûté, La nature répugne à la réalité Dans le sein du possible en songe elle s’élance; Le réel est étroit, le possible est immense; L’âme avec ses désirs s’y bâtit un séjour, Où l’on puise à jamais la science et l’amour; L’homme, altéré toujours, toujours se désaltère; Et, de songes si beaux enivrants son sommeil, Ne se reconnaît plus au moment du réveil. Hélas ! tel fut ton sort, telle est ma destinée. J’ai vidé comme toi la coupe empoisonnée; Mes yeux, comme les tiens, sans voir se sont ouverts; Jai cherché vainement le mot de l’univers. J’ai demandé sa cause à toute la nature, J’ai demandé sa fin à toute créature; Dans l’abîme sans fond mon regard a plongé; De l’atome au soleil, j’ai tout interrogé; J’ai devancé les temps, j’ai remonté les âges. Tantôt passant les mers pour écouter les sages, Mais le monde à l’orgueil est un livre fermé ! Tantôt, pour deviner le monde inanimé, Fuyant avec mon âme au sein de la nature, J’ai cru trouver un sens à cette langue obscure. J’étudiai la loi par qui roulent les cieux Dans leurs brillants déserts Newton guida mes yeux, Des empires détruits je méditai la cendre Dans ses sacrés tombeaux Rome m’a vu descendre; Des mânes les plus saints troublant le froid repos, J’ai pesé dans mes mains la cendre des héros. J’allais redemander à leur vaine poussière Cette immortalité que tout mortel espère ! Que dis-je ? suspendu sur le lit des mourants, Mes regards la cherchaient dans des yeux expirants; Sur ces sommets noircis par d’éternels nuages, Sur ces flots sillonnés par d’éternels orages, J’appelais, je bravais le choc des éléments. Semblable à la sybille en ses emportements, J’ai cru que la nature en ces rares spectacles Laissait tomber pour nous quelqu’un de ses oracles; J’aimais à m’enfoncer dans ces sombres horreurs. Mais en vain dans son calme, en vain dans ses fureurs, Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre, J’ai vu partout un Dieu sans jamais le comprendre ! J’ai vu le bien, le mal, sans choix et sans dessein, Tomber comme au hasard, échappés de son sein; Mes yeux dans l’univers n’ont vu qu’un grand peut-être, J’ai blasphémé ce Dieu, ne pouvant le connaître; Et ma voix, se brisant contre ce ciel d’airain, N’a pas même eu l’honneur d’arrêter le destin. Mais, un jour que, plongé dans ma propre infortune, J’avais lassé le ciel d’une plainte importune, Une clarté d’en haut dans mon sein descendit, Me tenta de bénir ce que j’avais maudit, Et, cédant sans combattre au souffle qui m’inspire, L’hymne de la raison s’élança de ma lyre. – Gloire à toi, dans les temps et dans l’éternité ! Éternelle raison, suprême volonté ! Toi, dont l’immensité reconnaît la présence ! Toi, dont chaque matin annonce l’existence ! Ton souffle créateur s’est abaissé sur moi; Celui qui n’était pas a paru devant toi ! J’ai reconnu ta voix avant de me connaître, Je me suis élancé jusqu’aux portes de l’être Me voici ! le néant te salue en naissant; Me voici ! mais que suis-je ? un atome pensant ! Qui peut entre nous deux mesurer la distance ? Moi, qui respire en toi ma rapide existence, A l’insu de moi-même à ton gré façonné, Que me dois-tu, Seigneur, quand je ne suis pas né ? Rien avant, rien après Gloire à la fin suprême Qui tira tout de soi se doit tout à soi-même ! Jouis, grand artisan, de l’œuvre de tes mains Je suis, pour accomplir tes ordres souverains, Dispose, ordonne, agis; dans les temps, dans l’espace, Marque-moi pour ta gloire et mon jour et ma place; Mon être, sans se plaindre, et sans t’interroger, De soi-même, en silence, accourra s’y ranger. Comme ces globes d’or qui dans les champs du vide Suivent avec amour ton ombre qui les guide, Noyé dans la lumière, ou perdu dans la nuit, Je marcherai comme eux où ton doigt me conduit; Soit que choisi par toi pour éclairer les mondes, Réfléchissant sur eux les feux dont tu m’inondes, Je m’élance entouré d’esclaves radieux, Et franchisse d’un pas tout l’abîme des cieux; Soit que, me reléguant loin, bien loin de ta vue, Tu ne fasses de moi, créature inconnue, Qu’un atome oublié sur les bords du néant, Ou qu’un grain de poussière emporté par le vent, Glorieux de mon sort, puisqu’il est ton ouvrage, J’irai, j’irai partout te rendre un même hommage, Et, d’un égal amour accomplissant ma loi, Jusqu’aux bords du néant murmurer Gloire à toi ! – Ni si haut, ni si bas ! simple enfant de la terre, Mon sort est un problème, et ma fin un mystère; Je ressemble, Seigneur, au globe de la nuit Qui, dans la route obscure où ton doigt le conduit, Réfléchit d’un côté les clartés éternelles, Et de l’autre est plongé dans les ombres mortelles. L’homme est le point fatal où les deux infinis Par la toute-puissance ont été réunis. A tout autre degré, moins malheureux peut-être, J’eusse été… Mais je suis ce que je devais être, J’adore sans la voir ta suprême raison, Gloire à toi qui m’as fait ! Ce que tu fais est bon ! – Cependant, accablé sous le poids de ma chaîne, Du néant au tombeau l’adversité m’entraîne; Je marche dans la nuit par un chemin mauvais, Ignorant d’où je viens, incertain où je vais, Et je rappelle en vain ma jeunesse écoulée, Comme l’eau du torrent dans sa source troublée. Gloire à toi ! Le malheur en naissant m’a choisi; Comme un jouet vivant, ta droite m’a saisi; J’ai mangé dans les pleurs le pain de ma misère, Et tu m’as abreuvé des eaux de ta colère. Gloire à toi ! J’ai crié, tu n’as pas répondu; J’ai jeté sur la terre un regard confondu. J’ai cherché dans le ciel le jour de ta justice; Il s’est levé, Seigneur, et c’est pour mon supplice ! Gloire à toi ! L’innocence est coupable à tes yeux Un seul être, du moins, me restait sous les cieux; Toi-même de nos jours avais mêlé la trame, Sa vie était ma vie, et son âme mon âme; Comme un fruit encor vert du rameau détaché, Je l’ai vu de mon sein avant l’âge arraché ! Ce coup, que tu voulais me rendre plus terrible La frappa lentement pour m’être plus sensible; Dans ses traits expirants, où je lisais mon sort, J’ai vu lutter ensemble et l’amour et la mort; J’ai vu dans ses regards la flamme de la vie, Sous la main du trépas par degrés assoupie, Se ranimer encore au souffle de l’amour ! Je disais chaque jour Soleil ! encore un jour ! Semblable au criminel qui, plongé dans les ombres, Et descendu vivant dans les demeures sombres, Près du dernier flambeau qui doive l’éclairer, Se penche sur sa lampe et la voit expirer, Je voulais retenir l’âme qui s’évapore; Dans son dernier regard je la cherchais encore ! Ce soupir, ô mon Dieu ! dans ton sein s’exhala; Hors du monde avec lui mon espoir s’envola ! Pardonne au désespoir un moment de blasphème, J’osai… Je me repens Gloire au maître suprême ! Il fit l’eau pour couler, l’aquilon pour courir, Les soleils pour brûler, et l’homme pour souffrir ! – Que j’ai bien accompli cette loi de mon être ! La nature insensible obéit sans connaître; Moi seul, te découvrant sous la nécessité, J’immole avec amour ma propre volonté, Moi seul, je t’obéis avec intelligence; Moi seul, je me complais dans cette obéissance; Je jouis de remplir, en tout temps, en tout lieu, La loi de ma nature et l’ordre de mon Dieu; J’adore en mes destins ta sagesse suprême, J’aime ta volonté dans mes supplices même, Gloire à toi ! Gloire à toi ! Frappe, anéantis-moi ! Tu n’entendras qu’un cri Gloire à jamais à toi ! » Ainsi ma voix monta vers la voûte céleste Je rendis gloire au ciel, et le ciel fit le reste. Fais silence, ô ma lyre ! Et toi, qui dans tes mains Tiens le cœur palpitant des sensibles humains, Byron, viens en tirer des torrents d’harmonie C’est pour la vérité que Dieu fit le génie. Jette un cri vers le ciel, ô chantre des enfers ! Le ciel même aux damnés enviera tes concerts ! Peut-être qu’à ta voix, de la vivante flamme Un rayon descendra dans l’ombre de ton âme ? Peut-être que ton cœur, ému de saints transports, S’apaisera soi-même à tes propres accords, Et qu’un éclair d’en haut perçant ta nuit profonde, Tu verseras sur nous la clarté qui t’inonde ? Ah ! si jamais ton luth, amolli par tes pleurs, Soupirait sous tes doigts l’hymne de tes douleurs, Ou si, du sein profond des ombres éternelles, Comme un ange tombé, tu secouais tes ailes, Et prenant vers le jour un lumineux essor, Parmi les chœurs sacrés tu t’asseyais encor; Jamais, jamais l’écho de la céleste voûte, Jamais ces harpes d’or que Dieu lui-même écoute, Jamais des séraphins les chœurs mélodieux, De plus divins accords n’auront ravi les cieux ! Courage ! enfant déchu d’une race divine ! Tu portes sur ton front ta superbe origine ! Tout homme en te voyant reconnaît dans tes yeux Un rayon éclipsé de la splendeur des cieux ! Roi des chants immortels, reconnais-toi toi-même ! Laisse aux fils de la nuit le doute et le blasphème; Dédaigne un faux encens qu’on offre de si bas, La gloire ne peut être où la vertu n’est pas. Viens reprendre ton rang dans ta splendeur première, Parmi ces purs enfants de gloire et de lumière, Que d’un souffle choisi Dieu voulut animer, Et qu’il fit pour chanter, pour croire et pour aimer ! Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques

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